Messe des Cendres: «nous sommes la poussière aimée de Dieu», rappelle le Pape
Le Saint-Père était ce mercredi, en fin d’après-midi, sur la colline romaine de l’Aventin pour célébrer l’entrée en Carême. Il a d’abord conduit la procession pénitentielle, partie de l’église Saint-Anselme, siège de l’ordre bénédictin, pour rejoindre la Basilique Sainte-Sabine, siège de l’ordre dominicain. C’est là que s’est ensuite déroulée la messe, incluant le rite d’imposition des cendres. L’homélie de François était centrée sur la signification de cette poussière, qui nous rappelle le prix que nous avons aux yeux de Dieu, et nous invite à recevoir Son pardon, un premier pas vers la vie éternelle.
«Dans le cours des siècles et des millénaires, nous sommes de passage; devant l’immensité des galaxies et de l’espace nous sommes minuscules. Nous sommes poussière dans l’univers. Mais nous sommes la poussière aimée de Dieu», a déclaré François au début de son homélie. Avant d’imposer les cendres aux fidèles rassemblés en la Basilique Sainte-Sabine, le Pape a commenté le verset de la Genèse qui rappelle à chacun son origine et sa fin – «Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière» (Gn 3, 19). «Nous sommes ainsi une poussière précieuse, destinée à vivre pour toujours», a poursuivi le Saint-Père avec espérance.
De la poussière à la vie
Une certitude qui vient renverser ce que nous pouvons parfois penser, qui vient donner une direction à notre existence: nous sommes appelés «de la poussière à la vie». Le Seigneur «nous encourage: le peu que nous sommes a une valeur infinie à ses yeux. Courage, nous sommes nés pour être aimés, nous sommes nés pour être enfants de Dieu», a assuré François. Ainsi, «le Carême n’est pas un temps pour verser sur les gens un moralisme inutile, mais pour reconnaître que nos pauvres cendres sont aimées de Dieu». D’où cet encouragement: «ne réduisons pas l’espérance en poussière, n’incinérons pas le rêve que Dieu a sur nous».
Le Pape a ensuite mis en garde contre l’attachement aux «choses du monde qui passent», aux plaisirs éphémères, qui nous font «regarder la poussière». «Nous vallons beaucoup plus, nous vivons pour beaucoup plus: pour réaliser le rêve de Dieu, pour aimer», a-t-il lancé, avant d’insister sur l’amour donné qui «nous sauvera, il restera pour toujours». «Les cendres sont mises sur notre tête pour que le feu de l’amour s’allume dans nos cœurs». Nous sommes «citoyens du ciel et l’amour envers Dieu et le prochain est le passeport pour le ciel, c’est notre passeport».
Ne pas suffoquer sous les cendres de notre existence
Mais les cendres indiquent aussi un autre trajet, «celui qui va de la vie à la poussière». Et le Saint-Père de nommer les trop nombreuses «poussières de mort» qui s’accumulent autour de nous, des guerres aux «vies de petits innocents non accueillis», en passant par les disputes, les «difficultés à s’excuser», tout ce qui «salit l’amour et affaiblit la vie». «Même dans l’Église, la maison de Dieu, nous avons laissé se déposer beaucoup de poussière, la poussière de la mondanité», a fait remarquer le Souverain Pontife. François a aussi dénoncé la «cendre de l’hypocrisie» qui fait injure à l’Évangile: «Que de fois nous nous proclamons chrétiens et dans le cœur nous croyons sans problème aux passions qui nous rendent esclaves! Que de fois nous prêchons une chose et en faisons une autre !». Ces duplicités sont le fruit vénéneux des «cendres qui étouffent le feu de l’amour».
La confession: laisser l’amour nous conduire vers Pâques
Mais un remède existe, le seul à même de purifier, d’unifier notre cœur. C’est saint Paul qui nous l’indique dans sa 2e lettre aux Corinthiens, dont est extraite la seconde lecture de ce mercredi des Cendres: «Nous vous le demandons au nom du Christ, laissez-vous réconcilier avec Dieu» (2Co 5, 20). Comme l’a expliqué le Pape, saint Paul «utilise le passif: laissez-vous réconcilier». La raison est que «la sainteté n’est pas notre activité, la sainteté est une grâce !». «Parce que, seuls, nous ne sommes pas capables d’enlever la poussière qui salit notre cœur. Parce que seul Jésus, qui connaît et aime notre cœur, peut le guérir. Le Carême est le temps de la guérison», a poursuivi François.
Résumant l’itinéraire quarésimal, le Saint-Père a enfin donné des conseils concrets. Pour passer de la poussière à la vie, «nous pouvons nous mettre devant le Crucifié, rester là, regarder et répéter: “Jésus, tu m’aimes, transforme-moi… Jésus, tu m’aimes, transforme-moi…”», afin de laisser l’humanité du Seigneur nous guérir. «Et après avoir accueilli son amour, après avoir pleuré devant cet amour, le second passage, pour ne pas retomber de la vie à la poussière», consiste à aller recevoir le pardon de Dieu dans la confession. Un sacrement où «l’étreinte du Père (…) nous renouvelle à l’intérieur, nous nettoie le cœur. Laissons-nous réconcilier pour vivre comme des enfants aimés, comme des pécheurs pardonnés, comme des malades guéris, comme des voyageurs accompagnés. Laissons-nous aimer pour aimer. Laissons-nous relever, pour marcher vers le but, Pâques. Nous aurons la joie de découvrir que Dieu nous ressuscite de nos cendres», a conclu François.
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